Le 11 janvier dernier, l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) et la Fondation VINCI Autoroutes pour une conduite responsable ont organisé une table ronde sur la somnolence au volant afin de plaider pour une meilleure prévention de ce risque pendant les déplacements professionnels et domicile travail.
En s’appuyant sur de récentes enquêtes, les intervenants ont en effet estimé que la somnolence représentait un risque professionnel majeur auquel il convient de mieux sensibiliser les entreprises et leurs collaborateurs.
La plupart des entreprises sont désormais bien conscientes que les accidents de la route sont la principale cause de mortalité au travail. Comme le rappelait récemment la Sécurité routière, en 2015, quelque 359 personnes ont perdu la vie lors d’un trajet domicile-travail et 124 lors d’un déplacement professionnel.
La somnolence, cause majeure d’accidents de la route
En revanche, il apparaît que le rôle joué par la somnolence au volant dans ces accidents est encore trop sous-estimé. Pourtant, comme l’ont souligné les intervenants, la somnolence est un facteur de risque majeur : “elle multiplie par 8 le risque d’accident de la route et représente la première cause d’accident mortel sur autoroute”.
Pour les experts, ce risque est étroitement lié au manque de sommeil des Français. En 2014, l’enquête “Sommeil et transports” réalisée par l’INSV et la mutuelle MGEN avait révélé que les actifs dormaient en moyenne 6h55 par nuit en semaine contre 8h02 le week-end et qu’ils étaient même plus d’un tiers (36 %) à déclarer dormir moins de 6 heures par nuit. Or, ce déficit chronique de sommeil peut se traduire par des comportements à risque lors de l’activité professionnelle et notamment lors des déplacements sur la route.
L’édition 2016 du Baromètre de la conduite responsable, réalisé par IPSOS pour la Fondation VINCI Autoroutes soulignait ainsi que “63 % des Français actifs déclarent se sentir fatigués le matin avant de prendre la route et près d’un Français sur deux (49 %) reconnaît ne jamais faire de pause ou de sieste au cours d’un trajet en voiture alors qu’il se sent fatigué”.
Un sujet à traiter en entreprise
Selon les intervenants à la table ronde, ces résultats doivent inciter à mieux sensibiliser les entreprises et leurs collaborateurs. Pour Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation VINCI autoroutes, “le risque de somnolence doit être identifié par les chefs d’entreprise et connu des collaborateurs”. Et de préciser que “les mesures de prévention à mettre en place portent à la fois sur le comportement du conducteur qui doit veiller à la bonne gestion de son sommeil et de sa fatigue et sur une organisation du travail adaptée”.
De la sorte, elle désigne les deux leviers dont disposent effectivement les entreprises pour réduire les risques liés à la somnolence :
- Inciter les salariés à des comportements responsables en les sensibilisant aux dangers de la conduite en état de fatigue, et en les informant sur les signes avant-coureurs de la somnolence et les comportements à adopter pour la combattre.
- Prendre en compte ce risque dans l’organisation du travail, de façon à limiter au maximum les situations dans lesquelles les salariés peuvent être amenés à conduire en état de fatigue : horaires de travail mal conçus, travail dans l’urgence, mauvais choix des moyens de transport, etc.
Pour être efficace, la prise en compte de la somnolence doit donc, de préférence, être intégrée à l’évaluation des risques professionnels lors de la réalisation du document unique et s’intégrer à une politique globale de prise en compte du risque routier.
Les chiffres clés de la somnolence au volant
- 33 % des conducteurs français ont déjà eu l’impression de s’être assoupis durant quelques secondes au volant.
- 25 % ont déjà empiété sur la bande d’arrêt d’urgence ou sur le bas-côté à cause d’un moment d’inattention ou d’assoupissement.
- 45 % déclarent qu’il leur est déjà arrivé de se sentir très fatigués mais de continuer leur route parce qu’ils y étaient contraints.
- 39 % des conducteurs ont le réflexe de faire une pause toutes les deux heures, comme cela est recommandé.
- 82 % des conducteurs pensent, à tort, pouvoir lutter contre l’endormissement en discutant avec un passager, et même 8 % en téléphonant !
Source : Baromètre de la conduite responsable 2017, réalisé par l’Ifop pour la Fondation Vinci Autoroutes
Auteur : La rédaction de Point Org Sécurité